GOODBYE "BUFF"
R.I.P. MICHAEL BUFFALO SMITH

Cet été 2021 restera de sinistre mémoire pour l’univers musical avec les décès du légendaire bassiste de ZZ Top Dusty Hill et du monumental batteur des Rolling Stones Charlie Watts. Des centaines de millions d’amoureux de bonne musique ont pleuré le départ de ces deux géants du Rock. Mais parmi eux, combien connaissaient Michael Buffalo Smith ?

Au fil des années, il avait été surnommé l’ambassadeur du rock sudiste car il s’efforçait d’empêcher que ce courant musical sombre dans l’oubli.

Aussi grand par la corpulence que par le talent, il était devenu incontournable dans le petit monde de la musique sudiste.

Voici un bref résumé de sa vie dédiée à la « southern music ».

Originaire de Spartanburg en Caroline du Sud (patrie du Marshall Tucker Band), Michael est attiré très jeune par le rock’n’roll. Il commence sa carrière de journaliste au lycée tout en s’essayant parallèlement au théâtre. Il signe pas mal d’articles en tant que pigiste et journaliste sportif. Mais il joint aussi la pratique à la théorie en jouant de la guitare et en chantant dans plusieurs groupes locaux.

Dans sa jeunesse, il est particulièrement marqué par l’Allman Brothers Band et surtout Lynyrd Skynyrd. Le 19 octobre 1977, il assiste au dernier show du gang de Jacksonville à Greenville en Caroline du Sud. Après le concert, il rencontre Ronnie Van Zant avec qui il discute quelques instants. Le lendemain, Michael apprend avec horreur qu’un terrible accident d’avion a décimé une partie de son groupe favori. Il n’oubliera jamais ce court moment passé avec le chanteur au chapeau la veille de sa mort.

Continuant sur sa lancée, le jeune Michael se spécialise très vite dans les interviews de musiciens avec un style très personnel, préférant une discussion décontractée au jeu classique des questions-réponses. Les artistes apprécient énormément ce genre d’entretien et sont aussi ravis de parler avec quelqu’un qui s’y connaît en musique. L’anecdote suivante en est un parfait exemple. En 1992, Michael doit assurer l’interview de George Harrison. On le prévient dès le départ que ça ne durera que dix minutes et qu’en aucun cas il ne faudra aborder le sujet des Beatles. Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, la conversation avec le grand George n’est toujours pas terminée. Michael lui dit alors qu’il aimerait bien lui demander quelque chose à propos des Beatles. George lui répond tranquillement « Que voulez-vous savoir, Michael ? »

Dans le même esprit, il interrogera également avec succès Leon Russel et l’immense Doctor John (des personnalités réputées pour avoir un caractère difficile).

En 1998, il se retrouve hospitalisé pour une durée de quarante-huit jours. Il décide alors de créer un fanzine sur internet. Un des premiers artistes interviewés n’est autre que Charlie Daniels qui va soutenir ce jeune talent prometteur. Gritz est né et Michael s’entretiendra avec un nombre impressionnant de pointures au cours de la décennie suivante (Charlie Daniels, Dickey Betts, Greg Allman, Tom Dowd, David Allan Coe, Bonnie Bramlett, Leslie West, Duane Roland, les mecs de Blackfoot, Freddie Salem récemment, etc…).

Il tentera même une version papier de son magazine mais il arrêtera au bout de quelques numéros en raison du manque de rentabilité.

Bien des années plus tard, il éditera le magazine Kudzoo (dans lequel il réalisera bon nombre d’articles et d’interviews).

Il collaborera occasionnellement avec le magazine français Bands of Dixie.

Possédant un don naturel pour l’écriture, Michael passera à l’étape suivante et signera une bonne douzaine de livres, tous consacrés à la musique du Sud, notamment « The road goes on forever » (sur l’Allman Brothers Band) et « Carolina dreams » (relatant l’histoire du Marshall Tucker Band et des autres artistes issus de Caroline du Sud comme Garfeel Ruff ou le guitariste Hank Garland). Il ressortira également ses interviews réalisées sur internet dans un ouvrage en deux volumes « Outlaws, rebels and renegades ».

Il entretiendra une longue amitié avec l’acteur/réalisateur Billy Bob Thornton.

Il sortira aussi quelques bons albums sous son nom (comme «Something heavy » et surtout le très beau « Makin’ it back to Macon ») avec quelques invités de marque (Tommy Talton, Tommy Crain, Paul Hornsby).

Toujours bien accueilli par les musiciens sudistes, il réalisera aussi son rêve d’adolescent en partageant la scène avec quelques-uns de ses héros (premières parties de Blackfoot et du Marshall Tucker Band, jams avec les Southern Rock Allstars).

Sa chanson équivoque « She loves to ride a fat boy » obtiendra un certain succès auprès des amateurs de rock sudiste.

Malheureusement, Michael a connu beaucoup de problèmes de santé au cours de ces dernières années, surtout en 2021. Fin mai, il fait un malaise chez lui. N’arrivant pas à le joindre, des amis se rendent à son domicile et le trouvent inconscient. Il reste plusieurs jours dans le coma suite à un grave problème rénal. Début août, il est de nouveau hospitalisé pour une opération du pied. Mi-août, il entre une nouvelle fois à l’hôpital pour soigner une double pneumonie. Il n’en ressortira pas. Il avait soixante-trois ans.

Michael Buffalo Smith a passé sa vie à défendre sa chère musique sudiste en écrivant sur elle, en la jouant et en la chantant. Il est resté fidèle à sa passion jusqu’à la fin.

La littérature musicale a perdu un grand écrivain mais tous les musiciens du Sud ont perdu un ami.

Qui va parler d’eux à présent ?

Olivier Aubry

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